Légende locale
D’où vient le nom de Comberouger ?
En ce temps, les habitants vivaient au cœur de la Grandis Silva (la grande forêt), non loin des rives du Lambon.
Comme à l’accoutumée, les femmes du village venaient faire leur lessive dans le ruisseau, quand soudain elles furent attaquées par des moines de l’abbaye de Grand Selve, qui les violèrent. Laissant là les pauvres femmes, ils continuèrent leur chemin pour aller fonder la ville de Beaumont de Lomagne.
Les maris furieux se cachèrent près du pas du Lambon et attendirent patiemment le retour des moines. Le moment venu, ils se ruèrent sur les religieux et les massacrèrent. On appela alors ce lieu la « Combe Rouge ».
Historique de Comberouger
« Toute la Région comprise entre Grenade et Beaumont a vécu durant six cent cinquante ans sous la domination seigneuriale des abbés de Grandselve. Les premiers ermites s’établirent en 1114 au cœur de la forêt dans le vallon de Nadesse. Venu du Périgord comme prédicateur et ermite, le bienheureux Bertrand de Grandselve (abbé de 1128 à 1149) essaya en vain de convertir les habitants de Bouillac et ses environs : il dut s’enfuir chassé par « l’impiété et la bêtise des habitants » ! Placé à la tête de l’abbaye, rattachée en 1145 à l’ordre de cîteaux, l’abbé Bertrand reçoit des donations de tous les grands seigneurs du Midi (Comte de Toulouse, Vicomte de Béziers) au point que du Lauragais à Fontfroide, jusqu’au pied des Pyrénées, du Roussillon au Périgord, l’abbaye percevait des revenus.
La plus proche donation, la plus modeste aussi, est la petite grange de COMBAROGER (bulle du Pape Innocent II en 1142). Voilà la première mention du nom gascon de notre village : la forme occitane apparaît ainsi dans ce texte rédigé en latin. C’est bien la « combe de Roger » (prononcer « Coumborougé ») qui n’a rien à voir avec la « comberouge » de la légende ( qui se prononcerait « Coumboroutjo »). Une grange monastique servait a entreposer les récoltes : engranger la moisson, abriter les foins, conserver le vin dans le chai. Un frère convers appelé « grangier » ou « maître de grange » était détaché de l’abbaye pour diriger et administrer le bâtiment construit en pisé ou en brique. A la fin de la journée, les moines, qui travaillaient eux-mêmes leurs terres, traversaient le Lambon au gué du « Plassa » ou à la Mouline pour retrouver leur paillasse dans le dortoir, situé au dessus du cloître .
Le terroir de Comberouger était formé de grandes surfaces boisées couvrant les deux versants du vallon ; il était délimité au Nord par Brivecastel et Escudès (près de Vigueron), avec le bois central du Gaussard dans la région du Bousséran. Au total huit cents hectares à défricher et à exploiter où les moines feront pousser le blé et planteront des cépages réputés. Très vite les religieux embauchent des ouvriers agricoles qui constituent une population nouvelle attirée par ces offres de travail.
Ainsi est né le village ! A la fin du XIIIe siècle la mode est aux bastides : des communautés d’habitants pourvues de libertés considérables, organisées en consulats, gérées par des coutumes octroyées par des seigneurs laîques (ici les vicomtes de Terride) et des seigneurs écclésiastiques (ici les abbés de Grandselve). Comberouger a gardé le plan régulier de ces « villes » neuves, aux rues qui se coupent à angles droits, enfermées dans une enceinte murée entourée de fossés, avec au centre la place du marché et ses arcades (appelées cornières) et sur un côté l’emplacement de l’église et du cimetière qui l’entoure. Nous possédons le texte de cette charte de fondation datée du 28 décembre 1282. C’est la date officielle de la naissance de notre village, qui peut se prévaloir d’un titre de gloire original : c’est la seule grange de Grandselve, parmi les vingt-cinq recensées, qui soit devenue une bastide. Entre les deux bastides géantes de Beaumont (fondée en 1278) et de Grenade (fondée en 1290) Comberouger reste un témoin modeste de ces petits bourgs ruraux qui furent des centres de marché avec leurs foires annuelles et leur marché hebdomadaire, où de paisibles habitants vivaient de l’exploitation des terres, de l’élevage et de la pêche dans la rivière, sans oublier le vignoble ».
Georges PASSERAT
Brivecastel : rattaché à Comberouger le 26 décembre 1813
« Le voyageur qui traverse le Bousserand n’a pas le sentiment de franchir une frontière historique. Et pourtant jusqu’en 1823, date où les paroisses du district de Grenade ont été rattachées au diocèse de Montauban au moment de la création du département de Tarn et Garonne, le destin de cette petite communauté la tenait éloignée de Comberouger. Le Bousserand marquait la limite entre le diocèse de Toulouse (dont Comberouger était la dernière paroisse au nord-ouest de Verdun) et le diocèse de Montauban auquel appartenaient aussi Vigueron, Belbèze, Bourret et Saint Sardos. Ainsi l’histoire de Brivecastel s’écrit à partir de Montauban , celle de Comberouger est consignée dans les archives de Toulouse ! La Révolution mettra tout le monde d’accord et Comberouger comme Brivecastel feront partie de la Haute Garonne de 1789 à 1808, appartenant au district de Beaumont-Grenade.
Comberouger connaîtra l’aventure des bastides fondées au XIIIe siècle alors que la petite seigneurie de Brivecastel n’échappera pas au pouvoir des seigneurs de Terride. Le nom même de Brivecastel (de breveto castello, 1271) signifie « petit château », en précisant que le mot de « castèl » indique un village édifié autour du logis seigneurial. Il fait partie d’une ligne de défense, constituée par une série de petits châteaux, visant à protéger cette crête qui va d ‘Escazeaux à Bourret, en passant par Vigueron et Belbèze. Toutes ces localités sont attestées comme lieux de résidence des seigneurs de Terride-Labourgade, avec une préférence pour Escazeaux et Bourret.
Malheureusement nous n’avons que très peu de renseignements pour écrire une histoire de cette petite paroisse de Lomagne :
- 1255, un partage de la seigneurie de Lomagne entre Bertrand d’Astaffort et Vivian de Lomagne attribue à ce dernier la quatrième partie des revenus de Brivecastel et Saint-Salvy (c’est la première mention du nom).
- 1271, le serment des consuls du lieu se rendent à Moissac pour l’hommage au Roi de France lors du rattachement du Languedoc à la France.(Comberouger n’existait pas encore et n’y figure pas)
- 1271, l’abbaye de Mas Grenier, dont dépend la paroisse au plan religieux, rappelle ses droits au seigneur d’Astaffort.
Il faut attendre la Guerre de Cent-ans et les passages incessants de troupes sur les coteaux pour trouver des documents précieux : entre 1360 et 1460 les habitants de nos villages sont en alerte permanente et ils subissent les fameux « patis », lourds impôts en vivres et en argent pour alimenter les gens de guerre. Et il passe du beau monde : Gaston Fébus, le bâtard de Landorre, Du Guesclin et ses bretons, les anglais, le maréchal de Boucicaut… Les habitants tentent de rassurer « Madamo », l’épouse de Bertrand de Terride, enfermée dans son château de Bourret et donnent des nouvelles des troupes de « Mossen » (Monseigneur) qui défend ses villages. Le nom de « Madame » donné à une propriété perpétue le souvenir des anciens seigneurs de Terride.
Avec les Guerres de Religion les souffrances recommencent de plus belle et l’on sait que l’église de Brivecastel a été ruinée en 1586. D’ailleurs cette date marque la fin de l’église paroissiale de Sainte-Marie (qui subsiste comme nom de ferme) et l’on transformera la chapelle Sainte-Anne du château en église du village ».
Georges Passerat
Patrimoine
Personnages célèbres
De 1893 à 1908, l’école de Comberouger aura la chance d’accueillir un des plus importants écrivains de langue d’Oc, poète et prosateur, fondateur de l’occitanisme : Antonin Perbosc (1861-1944), qui fera recueillir par les enfants les très beaux contes du Lambon.
(Contes de Gascogne par Suzanne Cézerac édition 1954)
Monuments
- Église Saint Barthélémy XIXe siècle
Édifice de style néogothique avec cuve baptismale XVIIe siècle
- Chapelle de Brivecastel
Ancienne paroisse du diocèse de Toulouse jusqu’en 1318, du diocèse de Montauban par la suite
- Maison Arcade XIXe siècle
Place de l’église. Les balustres sont en terre cuite et l’auvent du toit repose sur des piliers de bois.